Le 3 octobre 2024, CRÉSUS a réuni près de 80 participants à Paris pour la 6e édition des Rencontres de l’Inclusion Financière, un événement organisé en partenariat avec Emmaüs France et la sociologue Hélène Ducourant. Ces rencontres, qui se tenaient sous le thème « 30 ans d’engagement bénévole contre le surendettement », ont également marqué un jalon important dans l’histoire de l’association : la célébration des 20 ans de la Fédération CRÉSUS, née du réseau national de lutte contre le surendettement.

Créée il y a trois décennies en Alsace, CRÉSUS est aujourd’hui présente sur tout le territoire avec 225 antennes et près de 500 bénévoles formés pour accompagner les ménages en difficulté financière. Si l’association a évolué au fil des ans, son engagement est demeuré intact. La 6e édition des Rencontres a permis de faire le point sur ce long parcours et de s’interroger sur les défis futurs : comment maintenir l’engagement bénévole face à la montée des besoins, tout en s’adaptant à la numérisation croissante des services sociaux ?

Découvrez le témoignage de Gérard Obringer, bénévole CRÉSUS Alsace depuis 24 ans

 

Une transformation du bénévolat en France

Le paysage du bénévolat dans le domaine de la lutte contre le surendettement a évolué au rythme des transformations sociales et économiques. Gérard Cordelier, président de CRÉSUS Bourgogne, se souvient de ses débuts : « J’ai rejoint CRÉSUS après 37 ans de liquidation judiciaire personnelle. Fort de mon expérience, j’ai voulu aider ceux qui traversaient des épreuves similaires. En 2004, nous avons commencé à dématérialiser les dossiers pour rendre l’accompagnement plus fluide, un véritable tournant pour l’association. »

Aujourd’hui, l’engagement bénévole se professionnalise, comme l’explique Véronique Toggwyler, vice-présidente de CRÉSUS 2 Savoies : « Nous accueillons des profils variés, parfois très spécialisés, et nous formons nos bénévoles à la gestion numérique des dossiers. En parallèle, notre rôle évolue : avec des profils comme les travailleurs frontaliers suisses, qui peuvent rapidement basculer dans le surendettement en raison d’un accès facilité au crédit, nous devons sans cesse adapter nos méthodes. »

La montée en compétence des bénévoles est devenue une nécessité face à la complexité croissante des situations. Catherine Sias, présidente de CRÉSUS Var, souligne l’importance de ces formations : « Les dispositifs législatifs évoluent, et la gestion budgétaire se complexifie. Nos bénévoles sont formés à ces changements, qu’ils concernent les particuliers ou les entrepreneurs en difficulté. »

La Banque de France en première ligne

Au fil des années, le surendettement est devenu une question centrale pour de nombreux acteurs publics. Marc Bagnoli, responsable du service des particuliers à la Banque de France, a rappelé lors des Rencontres le rôle clé joué par son institution dans la gestion des situations d’endettement : « Dans les années 80, les banques ont multiplié les offres de crédit sans réel contrôle, ce qui a engendré une vague de surendettement massif. La Banque de France a dû réagir en instaurant des dispositifs d’apurement des dettes à l’amiable. Aujourd’hui, la coopération avec des associations comme CRÉSUS est essentielle. »

L’institution a renforcé ses liens avec le monde associatif à travers les Comités Départementaux de l’Inclusion Financière (CDIF), un espace de dialogue entre les banques, les associations, et les pouvoirs publics pour favoriser une prise en charge plus efficace des situations de surendettement. Cette approche collaborative permet d’établir un suivi complet des dossiers et d’assurer un accompagnement de qualité pour les ménages les plus fragiles.

Des alliances locales fortes pour une meilleure inclusion

Si CRÉSUS collabore étroitement avec des institutions nationales, c’est avant tout sur le terrain que l’association déploie ses efforts. Geneviève Caty-Poulain, présidente de SOS Familles Emmaüs à Bourg-en-Bresse, insiste sur l’importance des partenariats locaux : « Nous travaillons en synergie avec les travailleurs sociaux du département de l’Ain, le Secours Populaire, le Secours Catholique, ou encore les Restos du Cœur. Cette collaboration nous permet d’offrir un accompagnement global et de proximité à ceux qui en ont le plus besoin. »

Dans ce département rural, marqué par une forte précarité, les bénévoles de SOS Familles Emmaüs accueillent des personnes souvent très éloignées de l’emploi. L’association propose également des Périodes de Mise en Situation en Milieu Professionnel (PSMP), permettant à certains de découvrir les métiers de l’accueil et du social, une porte d’entrée vers le bénévolat.

La numérisation, un levier pour l’avenir

Pour répondre aux nouveaux enjeux, CRÉSUS mise sur des solutions numériques innovantes. Développé il y a 12 ans, le logiciel Credos permet désormais de soumettre des dossiers de surendettement en ligne, facilitant ainsi les démarches pour des milliers de bénévoles. À cela s’ajoute l’outil Aidant Connect, un dispositif de l’État permettant d’obtenir et de transmettre automatiquement des justificatifs à la Banque de France grâce à un mandat électronique, simplifiant considérablement le processus pour les bénéficiaires.

Catherine Sias conclut : « Chaque bénévole chez CRÉSUS apporte son expertise et son humanité. Nous voyons souvent des personnes arriver accablées par leurs soucis financiers. Après un entretien avec nous, elles repartent avec le cœur plus léger. C’est cela, l’essence de notre engagement. »

Une réflexion sur l’avenir du bénévolat

Au terme de cette journée riche en échanges, une question demeure : comment assurer la pérennité de l’engagement bénévole dans un monde où les besoins sociaux ne cessent d’augmenter ?

Pour Hélène Ducourant, sociologue, « la clé réside dans la formation continue des bénévoles et la capacité des associations à s’adapter aux nouvelles formes de précarité ; telle est la vision du bénévolat pratiqué chez CRÉSUS depuis 20 ans. »

CRÉSUS remercie tous les participants de cette rétrospective et invite ceux qui souhaitent s’engager à découvrir ses missions sur Benevolt.