L’accès au crédit est un levier essentiel pour l’autonomie et l’inclusion financière. Pourtant, de nombreuses personnes en situation de handicap se heurtent encore à des refus, des conditions plus strictes ou un manque d’accompagnement adapté.

 🔎Pourquoi ces barrières persistent-elles ?

💡 Comment les acteurs du secteur financier peuvent-ils y répondre ?

Cette année 2025, la 7e édition des Rencontres de l’Inclusion Financière s’est tenue le 19 mars, co-organisée par CRÉSUS, en partenariat avec Emmaüs France SOS Familles et la sociologue Hélène Ducourant.

Pour répondre à ces questions, quatre expertes ont partagé leurs analyses et retours d’expérience :

✔ Frédérique Coulmont, cheffe de service à l’octroi de crédit, en charge du projet « Solutions Solidaires », Cofidis France
✔ Marie-Anick Lambert, membre de France Assos Santé, experte sur la convention AERAS
✔ Adèle Merle, Sociologue, Université Paris Dauphine-PSL, spécialiste des liens entre pauvreté et handicap
Carole Salères, APF France handicap, Chargée de plaidoyer handicap & emploi | Inclusion sociale, co-autrice du manifeste pour l’inclusion financière

Appauvrissement et handicap : un cercle vicieux ?

Adèle Merle, sociologue à l’Université Paris Dauphine, travaille sur une thèse abordant le lien entre l’appauvrissement et le handicap. Elle évoque les conséquences sociales du handicap, notamment son impact sur les finances.

« En 2021, 1 personne handicapée sur 4 (entre 15 et 59 ans) vivait sous le seuil de pauvreté »

Le handicap engendre des coûts supplémentaires (soins, aménagements de maison, etc.), ce qui limite les possibilités d’épargne, d’achat immobilier ou de constitution de patrimoine.

De plus, l’accès au crédit reste un défi pour de nombreuses personnes handicapées, qui se retrouvent souvent découragées par des expériences négatives ou par des refus en raison de ressources limitées. Les prestations sociales, comme l’allocation adulte handicapé (AAH), étant insuffisantes, beaucoup compensent par des prêts familiaux ou des dons, ce qui entraîne une dépendance et un sentiment de honte.

Des obstacles persistants à l’accès au crédit et à l’assurance

Carole Salères d’APF France handicap met en lumière les obstacles liés à l’accès au crédit pour les personnes handicapées. Les revenus, et notamment leur catégorie (pension d’invalidité, rente de prévoyance…) ne sont souvent pas valorisables pour l’octroi d’un prêt immobilier.

« Nous avons constaté que de nombreuses personnes sont victimes d’exclusion bancaire. Les personnes rencontrent régulièrement des défauts d’accès au crédit immobilier en raison de leurs faibles revenus » souligne Carole.

De plus, l’assurance emprunteur, bien que nécessaire, peut être refusée ou rendre les crédits inaccessibles en raison de taux prohibitifs.

Crédit inclusif : l’engagement de Cofidis

Frédérique Coulmont, responsable du projet Solutions Solidaires chez Cofidis, présente une solution innovante pour les personnes en situation de handicap.

« Fort de notre souhait d’être un acteur social et sociétal, on se devait de voir ce que l’on pouvait proposer chez Cofidis. Nous avons développé une offre spécifique afin d’accompagner les personnes dans en situation de handicap et de précarité ».

Ce crédit à taux 0% permet de financer des projets (jusqu’à 35 000 €) en attendant qu’ils puissent bénéficier de l’AAH. Depuis son lancement en 2022, plus de 115 besoins ont été financés, dont la moitié en 2024.

Ce dispositif est un modèle de crédit inclusif, flexible et adapté aux réalités des personnes handicapées. Le groupe poursuit son engagement avec la création d’un comité dédié à accompagner les emprunteurs en situation de handicap ou ayant à charge un enfant handicapé.

La convention AERAS pour un accès à l’emprunt plus juste

Marie-Anick Lambert est avocate et membre de France Assos Santé. Elle a notamment participé à un groupe de travail ayant donné naissance à la convention AERAS.

« Chaque pathologie a ses spécificités, mais les difficultés sociales qui y sont liées sont, elles, universelles »

La convention AERAS (Assurance Emprunteur et Risques Aggravés de Santé), portée par différents signataires (assureurs, banquiers, ministères de l’économie et de la santé, associations), a permis d’améliorer l’accès au crédit immobilier des personnes présentant des risques de santé aggravés. Elle a abouti à plusieurs mesures importantes :

✅ La suppression des questionnaires de santé
✅ La réduction des délais du droit à l’oubli (notamment pour les malades du cancer et de l’hépatite C)
✅ Le vote de la loi Lemoine, facilitant l’accès à l’emprunt
✅ L’introduction de garanties alternatives

Malgré les avancées de la convention, des disparités subsistent, et l’aide des associations reste essentielle pour accompagner les personnes handicapées dans leurs démarches de crédit et d’assurance.

L’inclusion financière ne doit pas être un privilège, mais une réalité pour tous.

 💪 Engageons-nous pour un accès équitable au crédit et aux assurances !